Notre monde connecté est-il aussi virtuel ?

Études ou rendez-vous en ligne, télétravail, films regardés sur des plateformes, digitalisation des documents, achats en ligne, temps passés sur les réseaux sociaux ou jeux vidéo en ligne… tous ces usages dématérialisés, souvent considérés comme « virtuels », donnent à penser que leur impact sur l’environnement est – sinon nul – en tout cas bien moindre que leurs équivalents du XXe siècle.
Ne plus produire de billets de transport en papier mais les avoir en version électronique sur nos téléphones portables ou ordinateurs, ne pas se déplacer tous les jours pour aller au bureau mais télétravailler et avoir des rendez-vous en visio-conférence sont à l’évidence moins émetteurs de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique.
Effectivement un rendez-vous en visio-conférence émet moins de gaz à effet de serre qu’un trajet en voiture (thermique) de plusieurs dizaines – voire de plusieurs centaines – de kilomètres. Cependant il est important de garder en tête que si certains usages sont en effet virtuels, ils s’appuient sur des infrastructures et des équipements qui sont, eux, bien matériels. De la production à leur fin de vie, en passant par leur utilisation, tous ces appareils consomment beaucoup de matières premières et d’énergie et, pour la plupart, ils ne seront pas recyclés.
Un gaspillage colossal responsable de pollutions et d’émissions de gaz à effet de serre.


En 2023 l’Humanité a passé le seuil des 8 milliards d’individus dont 66% étaient connectés à l’Internet, soit 5,35 milliards d’internautes. La très grande majorité des internautes se connectent à l’Internet via leur téléphone portable.
Concentrons-nous un instant sur cet appareil que nous avons quasiment en permanence dans notre poche.
Un smartphone contient en moyenne 60 types de matières premières différentes dont certaines sont en quantité de moins de 1 g. Ces faibles quantités ainsi que la conception des téléphones portables les rendent difficile voire impossible à recycler, alors que ces minerais, terres rares et autres composants sont très précieux. Le paradoxe est que dans les pays occidentaux, les utilisateurs changent d’appareils bien avant que celui-ci ne soit défectueux. En Pologne, 55% des consommateurs changent de téléphone tous les 2 ans ou plus souvent alors que 9 appareils sur 10 fonctionnent encore lorsqu’ils sont jetés. Aujourd’hui encore, seulement 20% des appareils électronique jetés sont effectivement recyclés. Le reste – la très grande majorité – est envoyé dans des pays en voie de développement, pour y être mis en décharge.
Il n’est pas surprenant alors, d’apprendre que les déchets électroniques sont la catégorie qui croît le plus fortement. En 2020 la quantité de déchets électroniques à l’échelle mondiale a dépassé les 50 millions de tonnes. Cela équivaut à 4 500 Tours Eiffel.
Mais ce n’est pas tout.

La production de nos appareils connectés, à l’instar de notre smartphone, nécessite beaucoup d’énergie. De la transformation des matières premières (sur plusieurs continents), à leur transformation en passant par leur acheminement vers les différents sites de production, et l’assemblage final, on estime que nos téléphones ont parcouru 2 fois le tour de la terre avant d’atterrir dans nos mains.
Mais ce n’est pas tout.
Nos usages, à leur tour, consomment énormément d’énergie : regarder des vidéos (en moyenne 5 à 10 heures par semaine pour les adultes, jusqu’à 14h pour des jeunes), surfer sur Internet ou les réseaux sociaux, faire des achats en ligne, envoyer des emails avec des pièces jointes, etc.
Le problème est que 80% de l’énergie produite dans le monde est issue des énergie fossiles – très émettrices de CO2, responsable du dérèglement climatique.
Mais ce n’est pas tout.

Pour que nos téléphones portables soient connectés, il leur faut être reliés à des infrastructures : des modems, des antennes GSM sur les toits des bâtiments ou des pilonnes, des serveurs, des centres de données et des câbles marins qui traversent les océans. Ces équipements, en très grande quantité pour répondre aux besoins de 5,35 milliards d’internautes, ont également nécessité quantité de matières premières et d’énergie (fossile) et vont consommer encore plus d’énergie pour acheminer toutes nos données.
C’est ainsi que les appareils numériques consomment 5,5% de l’énergie mondiale et émettent 4% des gaz à effet de serre. Les experts prévoient un doublement de ces chiffres d’ici 2030.
Mais ce n’est pas tout.

Les téléphones portables ne sont qu’un des équipements numériques les plus populaires.
Ces dernières années, l’Internet des objets s’est fortement développé – et toutes les prévisions projettent que cela va, non seulement continuer, mais en outre s’accélérer fortement dans un avenir proche.
Ordinateurs de bureau et portables, téléphones, bien sûr, mais aussi : enceintes, téléviseurs, montres, voitures ou encore tablettes, on comptait 22 milliards d’objets connectés en 2022 contre 1 milliard en 2010. Les experts du secteur s’accordent sur des prévisions portant à 100 milliards d’objets connectés en 2030. L’augmentation de ces objets est exponentielle – et avec eux tous les impacts environnementaux similaires à ceux des téléphones portables.

Virginie Little

ENCADRÉ sur l’atelier animé à Gdańsk le 9 mai 2024

eco quiz

Bienvenue à notre écoquiz

Quiz – Es-tu un.e champion.ne de l’écologie ou du numérique ?

Nous avons préparé pour toi un petit quiz sur ta consommation d’appareils et de services numériques. Après avoir répondu aux questions, additionnent les points que tu as obtenu avec tes réponses et découvre quel profil tu es.
Le nombre de points associés aux réponses te permet de découvrir et réfléchir à des pratiques de consommation plus vertueuses pour réduire l’impact de tes habitudes  numériques sur l’environnement.

Tu changes de téléphone en moyenne :

Les objets connectés sont très la mode. Certains sont utiles voire indispensables pour le travail (nos ordinateurs voire nos téléphones portables). D’autres touchent aux loisirs (enceintes connectées, écouteurs, etc.) et d’autres encore sont plutôt des gadgets : montres connectées, réfrigérateurs connectés, assistant de maison intelligente type Alexa d’Amazon ou Nest de Google), etc. Combien d’objets connectés possèdes-tu actuellement

Combien d’heures en moyenne par semaine regardes-tu des vidéos en streaming (Youtube, films en streaming sur des plateformes, etc.) ou joues-tu à des jeux vidéo en ligne ?

As-tu déjà acheté ou reçu gratuitement un appareil d’occasion ou reconditionné ?

As-tu déjà réparé ou fait réparer un appareil électronique ?

Que fais-tu de tes appareils lorsqu’ils ne fonctionnent plus ?